Qui n'a jamais ressenti l'angoisse de l'ennui, la peur du "rien" ? Dans une société de consommation qui nous bombarde d'informations et de publicités à longueur de temps, et qui nous pousse à la productivité, difficile de s'accorder des moments de pause sans culpabiliser. Difficile de ne pas céder à la tentation d'accumuler. Il faut remplir. Toujours plus. Quitte à combler chaque petits espaces de notre vie. Quitte à faire déborder la coupe. Mieux vaut trop que pas assez après tout? Le vide comme le silence, nous terrifie.

On associe bien souvent le vide au néant ou à l’absence. Pourtant, la science moderne, et la physique quantique notamment, l'ont démontré depuis longtemps : le vide est un espace dynamique, un espace des possibles.
Dans la philosophie taoïste, le vide n’est pas une présence inerte, mais le lieu où s’opèrent les transformations, les mouvements, les changements. Il est parcouru par des souffles vitaux soumis au yin et au yang, reliant le monde visible avec le monde invisible. Il est à l’origine de l’univers, des étoiles, des galaxies… de la vie. Le souffle vital engendre alors le mouvement, empêchant le yin et le yang de se figer. Il maintient l’harmonie entre les opposés.
« Par le Vide, le cœur de l’Homme peut devenir la règle ou le miroir de soi-même et du monde, car possédant le Vide et s’identifiant au vide originel, l’Homme se trouve à la source des images et des formes. Il saisit le rythme de l’Espace et du Temps ; il maîtrise la loi de la transformation. » (François Cheng)
Selon la pensée taoïste toujours, l'Homme doit tendre vers le vide, vers “l’état originel” pour viser le plein. Le plein et le vide fonctionnent ainsi dans une saine interdépendance : pas de plénitude sans vide.
Bien sûr, nous avons toutes et tous déjà constaté ce phénomène. Mais le temps d’arrêt imposé par la pandémie nous a rappelé frontalement une chose : l'inactivité, même teintée d'ennui, permet le ressourcement. À force de se remplir de distraction, d’activités, d’aliments… on a tendance à saturer et à s'épuiser. Je ne vous apprends rien, dans nos quotidien bien rempli, la clé se trouve très certainement dans l’équilibre entre l’activité et le repos. À nous de jouer les funambules. Rêvasser, contempler un paysage, marcher en nature, s'accorder un temps sur son tapis sans quête de performance… avec non pas comme but de “remplir” mais peut-être plutôt de “vider”, pour permettre de créer de l'espace, pour permettre la circulation.
Allez les funambules, allons vider nos vases de tout ce barda pour laisser entrer la lumière de l'été.
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