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Photo du rédacteurKlara Yoga

TRACE DU DÉSERT - NOVEMBRE 2022

Dernière mise à jour : 29 juin 2023

Ceci est une tentative de mise en mots. Il y a un mois, j’ai eu le plaisir d’accompagner un groupe lors d’un séjour dans le désert du Sahara en Tunisie. Pour cette lettre de novembre, j'ai eu envie de laisser une trace, moins éphémère que celles déposées dans le sable durant ce périple.

D’abord, il y a ce plaisir immense : retrouver la saveur du voyage après tout ce temps. Il y a le retour de cette sensation déstabilisante, celle qui mêle excitation et appréhension. Et ce sentiment si puissant de liberté qui grouille dans le ventre et me fait me sentir vivante. Dans le minibus cabossé d’Ali qui nous mène de Djerba à Douz, le vent poussiéreux vient s’infiltrer par les fenêtres et fouetter nos visages, tandis que nos yeux rêveurs scrutent les paysages qui défilent. Nous nous éloignons des bruits du monde pour aller écouter le silence là où il est d’or, pour ressentir le pouls de la terre loin de l’agitation.

Nous quittons un environnement entièrement balisé, fléché, ou tout est désigné par un panneau ou un signe pour rejoindre un espace dépouillé, aride, dont l’horizon semble être l'infini.

Le désert. Nous y voilà. L’immensité à perte de vue. Peu d’endroit dans le monde offre cette impression “d’absolu néant, de splendide isolement”, pour reprendre les mots de Jean-Pierre Valentin. Ici, si la trace, l’empreinte est précieuse et fondamentale, elle est aussi éphémère. En perte de repère totale, les pieds ensablés et la tête qui touche le ciel, pas d’autres choix que d’accepter de se dépouiller, d’être vulnérable, peut-être même de se perdre. La marche matinale quotidienne en prise avec les éléments, la chair brûlée et asséchée par le soleil ou gelée par la nuit, rend le corps plus présent. “Nous aimons le Sahara moins pour ce qu’il montre que pour ce qu’il dissimule. [...] nous dit J-P Valentin. “C’est un sentiment d’absence qui donne la valeur paradoxale à ces terres arides, mais aussi l'espérance que fait naître le vide. [...] Ce qui attire vers ces contrées désolées est invisible au regard, et pourtant intensément désiré. Là est la clé de ma fascination : aller au-devant du néant et, miraculeusement, le remplir - d’un puits, d’une rencontre, d’un espoir…” J’ai été impressionnée par la connexion qu’ont les bédouins avec le désert. Comme le dit J.M.G Le Clézio “ce qui caractérise la vie des nomades, ce n’est pas la dureté ni le dénuement, mais l’harmonie. C’est leur connaissance et leur maîtrise de la terre qui les porte, c’est-à-dire l’estimation exacte de leur propre limite”. Les chameliers n’affrontent pas les éléments, ils composent avec. Les empreintes au sol, les nuages et les étoiles, les signaux annonciateurs ou les pièges à éviter n’ont plus de secret pour eux. L’itinérance requiert tenacité, volonté, vigilance et adaptation face à l’imprévu. Pour J-P Valentin, “résister avec honneur à la véhémence du temps, à l’austérité du climat, préserver une flexibilité salvatrice, refuser l’exil et la soumission à la cité, continuer à peupler la brousse de ses ancêtres, tout cela contribue à élever ces bergers du XXIe s au rang de chevalier !” Enfin, le désert nous invite à repenser notre place dans le monde, à réévaluer notre lien à la nature. Assister aux spectacles grandioses des lever et coucher de soleil chaque jour est un cadeau inestimable. Le matin, bien emmitouflés, on attend dans la fraîcheur de l’aube que s’érige la boule de feu qui viendra réchauffer notre peau. Et le soir, si l’astre lunaire est fin croissant, alors la Voie lactée scintillante nous coupe le souffle par sa puissance difficilement égalée. Pendant une semaine, j’ai dormi d’un sommeil profond et j’ai beaucoup rêvé. Et lorsque parfois la nuit, je me réveillais, le corps lourd, les joues et le nez frais, les étoiles filantes venaient me chahuter, m’invitant à choisir le meilleur voeux à formuler. Des voeux, j'en ai gardé quelques-uns sous le coude pour le prochain séjour avec Néogusto en mars 2023, avec yoga cette fois. Si tu ressens l'appel, les infos sont ici-bas. Est-il vraiment nécessaire de préciser que je me réjouis d'y retourner ? Le désert à tant à nous apprendre... si on accepte de s'y abandonner.

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