3 ANS ET 37 LETTRES PLUS TARD - JANVIER 2025
- Klara Yoga

- 22 mai
- 3 min de lecture

Ma première newsletter, ou plutôt ma première “lettre”, comme je préfère les appeler, date de janvier 2022. Au début, l’idée d’écrire m’est venue comme un élan spontané. J’avais envie de poser des mots sur des réflexions personnelles sur la pratique du yoga mais aussi plus largement sur la vie, tout simplement. Et puis une autre envie s’est ajoutée : celle de partager. Je me suis mise en tête d’en écrire une par mois, sans date de publication précise pour m’enlever toute pression.
Aujourd’hui, janvier 2025, voilà la 37ᵉ lettre. Et si n'êtes pas par ici depuis le tout début, j'ai compilé tous ces textes sur mon site web afin de garder une trace. Je n’ai manqué aucune lettre. Pas une seule. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir parfois douté. Il y a eu des moments où l’inspiration semblait absente, où les mots me paraissaient plats ou inutiles. Des jours où le quotidien prenait toute la place : la fatigue, le débordement, la tristesse parfois. Mais à chaque fois, je me suis assise, ne serait-ce que pour écrire quelques lignes. Comme un pacte silencieux, passé entre moi et moi-même. Car soyons honnêtes, si un mois, j’avais laissé passer cette lettre, qui l’aurait remarqué ? Personne, ou presque. Cela serait resté sans conséquence. Alors pourquoi cet engagement envers moi-même ? Pourquoi m’imposer cette régularité ?
On pourrait y voir une de ces injonctions à la productivité, à « toujours faire plus», mais je ne le ressens pas ainsi. Ce rendez-vous mensuel, c’est une forme de discipline douce qui me nourrit.
J’ai beaucoup d’admiration pour les personnes qui parviennent à maintenir des routines sans y déroger, ou qui se lancent dans des projets comme un acte quotidien de résistance. Cela me fait penser à la chorégraphe et danseuse Nadia Vadori-Gauthier qui a initié un projet bouleversant : Une minute de danse par jour. Depuis les attentats de Charlie Hebdo de 2015, chaque jour, sans exception, elle danse, partout, dans des contextes variés. Elle capture ces instants et les partage en ligne.
Elle raconte :« Je voulais agir en m’assignant une action quotidienne petite mais réelle, qui œuvre pour une poésie en acte, en me mettant réellement en jeu, seule ou en relation avec d’autres. [...] J’ai été accompagnée dans l’élaboration de ce projet par un proverbe chinois : “Goutte à goutte, l’eau finit par traverser la pierre.” Cela signifie qu’une action minime, répétée, peut finir par avoir un grand effet. »Je crois en effet que ce sont souvent les gestes minuscules, répétés avec constance, qui finissent par transformer nos vies.
Dans mon entourage, des amies profs de yoga (elles se reconnaîtront !) se sont lancé un défi similaire : pratiquer le yoga chaque jour pendant une année. Qu’il s’agisse d’une pratique posturale ou non, peu importe la durée, l’essentiel est de s’y consacrer quotidiennement, sans exception. Je trouve cela admirable car j'ai toujours eu l’impression de me sentir incapable de maintenir une telle régularité.Mais finalement, en prenant du recul et en considérant ces 37 lettres, j'ai réalisé qu'en fait si, d’une certaine manière. À chacun son rituel. Lorsqu’on trouve ce qui fait sens pour nous et qu'on en perçoit les bienfaits, il devient possible de mobiliser cette forme d’auto-discipline.
En yoga, cette auto-discipline porte un nom : la sadhana. Elle implique tapas, cette énergie de la discipline qui nous pousse à nous dépasser, à transcender l’inertie. Mais pour moi, la sadhana diffère de ces résolutions souvent éphémères que l’on prend en début d’année. Elle n’est pas contrainte, mais choix conscient. C’est une invitation à cheminer avec douceur et rigueur, à trouver cette alchimie entre persévérance et bienveillance envers soi-même. Et, goutte après goutte, à tracer un sillon qui nous rapproche un peu plus de nos aspirations.Je vous souhaite, en ce début d’année, de découvrir ou de cultiver votre propre défi, aussi simple soit-il. Qu’il devienne votre espace de liberté, de poésie, un rendez-vous avec vous-même.





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