L'ÉQUILIBRE DANS LE MOUVEMENT - AVRIL 2025

Il y a une semaine, j'ai déménagé. Et avec ce nouveau départ, j'ai réalisé une chose : mon équilibre ne s’est jamais trouvé dans l’immobilité, mais dans la danse des départs et des recommencements. 

Jusqu’à mes 15 ans, j’ai déménagé 6 fois. J'ai changé d'école tous les deux ans environ. Au lycée, je suis partie en internat et malgré moi, j’ai dû en changer chaque année pour des raisons indépendantes de ma volonté, avant de prendre un appartement à tout juste 18 ans. 

Puis, dans ma vie d’adulte, jusqu’à aujourd’hui, j’ai déménagé 14 fois. Si mes calculs sont bons, je viens de m’installer dans mon 20ème lieu de vie. 

Déménagement à l’étranger, nouveau job, voyage, rupture, reconversion... Lorsque qu'ils étaient subis, ces changements étaient un peu rudes. Mais j’en ai aussi souvent été l’initiatrice.  Tous ces “nouveaux départs” m'ont placée face à l'inconfort de l'inconnu, m'invitant à développer ma capacité d'adaptation et ma capacité à rebondir comme une balle de tennis neuve.

C’est certainement ce qui fait en sorte aujourd’hui que je ressens ce besoin viscéral de me mettre en mouvement, quand tout devient un peu trop stagnant. Une urgence ressentie jusque dans l'âme de me placer dans le déséquilibre incessant du déplacement, du mouvement, de la danse d'un pied sur l'autre. Parce que finalement, le mouvement c’est la vie.

Pour autant je tiens à ma stabilité. C’est peut-être l'une des raisons pour laquelle le yoga m’a autant parlé. Il m’a apporté un ancrage, mais un ancrage vivant, loin de l’idée de rigidité ou d’immobilité. Il m’a offert une forme de stabilité intérieure. Il m'a appris à naviguer dans ce subtil va-et-vient entre mouvement et présence. Entre stabilité et instabilité.

Sur le tapis comme dans la vie, je me rappelle que l’équilibre est un processus vivant, toujours en ajustement. Il ne s’agit pas de lutter pour le maintenir à tout prix, mais de ressentir le déséquilibre quand tout vacille, et d’accepter que l’équilibre se réinvente sans cesse, dans le flux même du changement.

Après avoir si souvent changé de lieux de vie et de repères, je réalise que je cherche moins un lieu définitif où m'ancrer plutôt qu'une manière de me sentir chez moi où je me trouve. Qu'on en soit à l'initiative ou non, je crois qu'on apprend toujours à accueillir le mouvement, l’imprévu, le changement — ce qui vient et ce qui s’efface. Et si le yoga nous enseignait cela : non pas à fuir l’instabilité, mais apprendre à danser avec elle ?