J’aime les mots. Je me suis orientée vers des études littéraires sans une once d’hésitation. J’ai toujours aimé lire, écrire. Je suis fascinée par le champ des possible que l'usage des mots peut ouvrir dans notre imaginaire.
Lors de mon master en danse, j’ai rédigé un mémoire de 200 pages (oui oui) sur l’appropriation d’un univers chorégraphique par l’interprète en danse (mémoire qui a probablement été lu par une dizaine de personnes tout au plus… mais ma foi, c’est le chemin qui compte et non la destination n’est-ce pas ?). J’étais animée par l’envie de comprendre les subtilités de la relation chorégraphe/interprète, de la passation d'un geste, d'un mot, d'une phrase, d'une image, à sa réception, son imprégnation, son appropriation.
J’ai observé de près et durant plusieurs mois le processus de création d’une chorégraphe québécoise, des premières répétitions en studio jusqu’à la représentation scénique. Les résultats de mes recherches ont souligné, entre autres, l'importance de la communication, à la fois corporelle et verbale, ainsi que du rôle crucial de l'imaginaire dans le processus de transmission et d'appropriation.
L’imaginaire est un moteur profond de la sensation. C’est le cas en danse, et c’est aussi ce que j’observe dans la pratique et la transmission du yoga.
En tant qu’élève de yoga, j’adore me laisser porter par les mots des professeurs desquels je suis les cours. Chacun à son propre langage, ses propres métaphores pour guider les élèves.
Aujourd'hui en tant qu'enseignante, je réalise pleinement l'importance des mots, des images, pour faciliter la compréhension des mouvements, diriger l'attention vers les sensations subtiles et développer la conscience corporelle des élèves.
Si vous avez déjà assisté à l'un de mes cours, vous m’avez sans doute déjà entendu utiliser ces formulations :
“Laissez le souffle se déployer dans tout le corps créant un peu plus d’espace, montez les mains comme des flèches vers le ciel, amenez les bras en forme de cactus, laissez le bassin fondre vers le sol, magnétiser les coudes ensemble, visualisez vos pieds comme des racines ancrées dans la terre, le sommet du crâne érigé vers le ciel, laissez vos côtes s’ouvrir, les poumons se gorgent d'air, imaginez votre tête légère comme un ballon de baudruche, votre vision aiguisée comme celle d’un aigle, laissez l’arrière du corps devenir extrêmement lourd un peu comme s’il s’enfonçait dans du sable tandis que l’avant du corps devient très léger presque flottant …”
Je suis convaincue que le choix et la juste combinaisons des mots, réalisé avec intention et sensibilité, peut enrichir l'expérience des élèves et les guider vers une exploration plus profonde de leur pratique et d'eux-mêmes. Le langage a la capacité de transcender les limites de la réalité matérielle et d’ouvrir des portes vers des mondes intérieurs riches et infinis.
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